Un jeu d’enfants, vraiment ?
Dans un article précédent, je parle longuement de la période de la familiarisation.
Dans cet article, je vais évoquer le sommeil et la collectivité. Avec mon expérience en structure et avec ma spécialisation de consultante en sommeil 0 à 5 ans.
Comme vous le savez probablement déjà, le sommeil est primordial pour le développement de l’enfant et c’est un besoin fondamental (pas que pour l’enfant, mais vous le savez !). Chaque enfant possède ses propres besoins en matière de sommeil il est important de le garder en tête.
Est-ce que l’entrée en crèche peut perturber le sommeil d’un enfant ?
Le sommeil d’un bébé qui vient d’arriver en crèche aura évidemment un impact sur son sommeil de nuit à la maison : la nuit durant les phases de sommeil agités, l’enfant revit une partie de sa journée. Il fait le tri entre les choses nouvelles, comme le nouvel environnement, les nouvelles personnes autour de lui et les stimulations souvent bien plus présentes en structure qu’à la maison, avec les bruits ambiants lié à la collectivité (les pleurs d’un autre bébé, les grands qui peuvent parfois crier, sauter, etc.) Cela peut venir chahuter le sommeil de nuit, c’est une régression de sommeil dû au changement…réassurer le, avec patience et cohérence. Courage, vous allez y arriver !
Un bon accompagnement suppose, une prise en charge individuelle, ce que tentent de faire au maximum les équipes, en tout cas je l’espère sincèrement. Ce fut mon cas personnellement, dans toutes les structures où j’ai travaillé, car elles partageaient mes valeurs et lorsque ce n’était plus le cas, je prenais la décision de partir vivre d’autres aventures, car rester c’est accepter. En toute transparence, les difficultés du quotidien en structure, sont principalement dû au taux d’encadrement professionnelles/enfants et au turn-over, encore une fois dû au manque de reconnaissance de la part du gouvernement pour les professionnelles de la petite enfance et leurs demande en faveur de l’accueil des enfants. Mais je m’égare, ce n’est pas le sujet du jour !
En structure, comment ça se passe ?
Pour les plus petits :
Les horaires de siestes peuvent s’échelonner dans la journée, selon le besoin individuel de chaque enfant.
Composer avec des individualités lorsque l’on travaille en collectivité n’est pas toujours simple et parfois, les temps de repos se passent dans un climat agité. Ainsi, certains vont aller se coucher, d’autres vont se relever, l’équipe pédagogique doit gérer l’individualité de chacun, tout en étant au sein d’un groupe.
C’est à l’équipe de s’adapter au besoin individuel de l’enfant et non l’inverse, malgré les difficultés. Notamment sur l’accompagnement à l’endormissent d’un bébé dans les bras qui malgré-moi, fait parfois encore débat au sein des équipes, alors qu’il me paraît pourtant indispensable. Parfois l’écart entre ce que l’on veut avec nos valeurs et ce que l’on nous impose est grand. Il est impératif et je vous encourage à dialoguer si ce que l’équipe pédagogique propose ne convient pas à votre enfant et que vous en faites le constat.
Pour « les Moyens/Grands ».
Je parle ici, bien entendu, des enfants dont le besoin est d’une seule sieste par jour, celle de l’après-midi et rythmé en groupe. Après le repas des plus grands, vient un moment de jeux libres, ou les enfants peuvent faire du toboggan, sauter, chanter, une période de jeux dynamiques. Si ce n’est pas le cas, j’encourage les professionnelles à le faire, car après le repas, l’enfant a un regain d’énergie qu’il a BESOIN d’évacuer. (Et le moment du repas demande aussi un temps de concentration à l’enfant important, il a besoin de cette libre motricité.)Pendant ce temps-là, d’autres enfants se déshabille avec l’adulte à ses côtés ; et un moment de soin (lavage de nez, changement de couche, etc.) avant le moment du coucher. Puis vient le moment de transition entre le jeu dynamique et le rituel. En premier lieu, vient un temps de rangement de la pièce de vie, puis la lumière se tamise pour être dans une ambiance plus douce pour les yeux.
Pour les équipes, cela consiste à créer un environnement calme avant le coucher, toujours au même endroit, souvent sur un tapis d’éveil. Un rituel, extrêmement important, repère des enfants et période de transition, souvent ce sont des histoires et les enfants sont là avec leur doudou, tétine s’il y a, pour un moment d’environ 15 minutes. Puis arrive l’accompagnement dans le dortoir. Là où j’ai travaillé, il y a toujours eu une présence quasiment constante d’une professionnelle au sein du dortoir du moment du coucher souvent entre 12h et 12h 30 pour un groupe de « moyens ». Jusqu’au moment des levers échelonnés, selon les enfants. (Sauf pour les très gros dormeurs, au-delà de 15H-15h30.)
Faut-il écourter une sieste ?
Nous savons que le sommeil lors des siestes est fondamental pour plusieurs raisons : pour le développement de l’enfant et l’hormone de croissance, la stabilisation des acquis, l’amélioration de l’humeur, etc., Selon une recherche de scientifiques Britanniques et Allemands de 2015, sur des bébés âgés de 6 à 12 mois, bénéfices observables dès 30 minutes de sieste. Une autre étude de 2013, a souligné les mêmes bénéfices chez les enfants plus âgés. Dans un monde idéal, non on ne réveil pas un enfant qui dort. Nous savons, vous et moi que non ; le monde idéal n’existe pas, il faut le teinter de nuance et trouver le juste milieu et surtout vous êtes l’expert de votre enfant.
Mon meilleur conseil est : faites-vous confiance. Tout dépend de votre enfant ! Petit ou gros dormeur, cela n’aura pas le même impact sur lui. Si vous faites le constat sans appel que oui cela influence de mauvaises manières son sommeil nocturne. Il est impératif d’en discuter avec l’équipe pédagogique afin de s’ajuster au mieux. Ainsi parfois avec les obligations de la vie, ex : un rendez-vous impératif comme le pédiatre, etc. il est nécessaire de s’y rendre et donc de réveiller l’enfant pour honorer cette obligation de la vie de tous les jours, que tout le monde va connaître à un moment donné. Le moment sera peut-être un peu difficile à vivre pour votre enfant et pour vous, mais tant que ce n’est pas l’habitude, aucune inquiétude à se faire pour les raisons citées au-dessus.
Coucher votre enfant plus tôt le soir, pour ne pas lui créer un manque et une accumulation de fatigue est la meilleure option. Quant à une sieste un peu tardive, OUI elle peut en effet décaler le coucher du soir, il est intéressant de s’interroger sur le bénéfice de cette sieste, si elle bouleverse la qualité de sommeil nocturne de votre enfant.
La suite de ce sujet concerne uniquement les siestes chez les plus de 2 ans.
Chez les plus de 2 ans, c’est encore plus à nuancer. Il est parfois nécessaire de réveiller un enfant qui dort. Car l’autre élément fondamental à prioriser est le sommeil de nuit.
Une sieste peut être trop tardive si elle se poursuit après 15h30/16h et peut être trop longue si elle dure + de 2 heures, selon les enfants et leurs besoins personnels de sommeil, en effet à partir de 3 ans le sommeil nocturne (de nuit) devient plus précieux que le sommeil diurne (de jour). Si c’est le cas, que votre enfant voit la qualité et quantité de son sommeil nocturne, induire un réveil est peut-être la meilleure piste. Induire un réveil, c’est quoi ? Concrètement ? Ouvrir la porte du dortoir/de la chambre, laisser le bruit de vie rentrer dans l’espace sommeil. L’ayant vécu moi-même en structure, pour les réveils de plus de 15h30/16h pour un enfant impacté lors de son sommeil de nuit. Souvent, voir les autres enfants, lui donnait un grand sourire et le réveil était donc des plus doux.
Du coup, il faut faire quoi ?
Si le sommeil nocturne de votre enfant, n’est pas impacté, aucune raison de changer et/ou induire un réveil c’est que cela lui convient ! Si l’enfant est un gros dormeur et qu’il fait habituellement des énormes siestes l’après-midi, il serait intéressant de le coucher vers 12h30 au plus tard. Mieux vaut le coucher plus tôt pour faire sa sieste, pour éviter de le réveiller. La régularité des horaires des siestes sont très importantes pour le bon établissement de son fameux cycle veille/sommeil. Parler-en avec l’équipe pédagogique pour être bien certains, que vous avez toutes les informations en main pour pouvoir suivre l’heure habituelle du coucher à la crèche. Et si votre enfant est âgé de + de 2 ans, et que vous constatez que l’endormissement le soir est tardif, l’intérêt et/ou la durée de la sieste est à réinterroger avec une analyse de tous les paramètres, avec bien entendu des objectifs raisonnables.
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